Et je me suis assise en tailleur...

L'air était doux et une lumière presque irréelle envahissait tout l'étage... Les murs de ma chambre me paraissaient plus blancs, mon lit plus grand, mes draps plus frais.
Je me serais volontiers recouchée mais j'ai préféré partir pour mes 20 kilomètres quotidiens. Avec de la musique douce et romantique dans les oreilles. Car, oui, ne cherche pas à comprendre, mais j'aime faire du sport sur de la musique à faire pleurer dans les chaumières... Un jour, j'aurai peut-être assez de recul sur certains trucs de mon existence pour pouvoir expliquer une telle bizarrerie.

J'ai pédalé en regardant mon jardin d'en-haut, en songeant qu'il allait falloir tondre la pelouse, en me réjouissant de la bonne santé de mon hortensia, en espérant trouver le courage de tailler mes haies cette semaine.
J'ai pédalé en kiffant le bleu du ciel. Pour un peu, j'aurais mis des lunettes de soleil tellement il était éblouissant.
J'ai pédalé comme une dingue, enfin, à mon rythme mais dans un long effort ininterrompu, et sans réelle souffrance. Tout ça, ça équivaut à un bon "comme une dingue" dans mon langage à moi.
J'ai pédalé en compagnie d'Alanis Morissette, d'Angus et Julia Stone, d'Octave Noire ou encore Sébastien Tellier. En chantonnant même parfois.

Quand je suis sortie de ma douche, je me suis séché les cheveux et me suis glissée dans un bel ensemble de lingerie. L'air était si doux... 


Alors je me suis assise au tailleur au bout de mon lit.

J'ai attrapé mes chevilles de mes mains, ai laissé mon regard porter au loin, jusque dans les arbres où les oiseaux de mon jardin s'en donnaient à cœur joie. J'étais dans un moment suspendu, un de ceux qui respirent la sérénité, un de ceux dont on voudrait qu'ils ne s'arrêtent jamais. Plus prosaïquement, j'étais juste en train de me demander comment j'allais bien pouvoir m'habiller...!

Je tenais mes chevilles dans mes mains, là, assise en tailleur... Et le temps s'est arrêté... Mon esprit a bugué...

Depuis combien d'années ne m'étais-je pas installée ainsi ? Non pas parce que je ne le voulais pas. Juste parce que je ne le pouvais plus.
Parce que le surpoids... le mal de dos... la répugnance à me balader en petite tenue, même en me sachant seule à la maison... l'envie de rien, et surtout pas de prendre le temps de me laisser vivre...

J'étais assise en tailleur. Parce que c'est de façon naturelle que la posture m'est venue.
J'étais assise en tailleur et j'étais bien.

***

Cet article a été commencé il y a quelques semaines. Peut-être un mois, un mois et demi. Je ne sais pas, je ne sais plus, et je m'en fiche à vrai dire.
Je ne l'ai pas terminé parce que je n'arrivais pas à trouver de photo pour l'illustrer. Mais comme je ne voulais pas qu'il finisse sa vie au fond du tableau d'administration du blog, je l'ai exhumé aujourd'hui. Et puis, pour l'illustrer, j'ai choisi ce cliché, parce qu'il y avait des draps dessus, et ma nouvelle cuisse gauche. Après tout, c'est bien le sujet de ce billet, non...?

Aujourd'hui, je m'assieds en tailleur presque chaque jour que dieu fait. Sans plus avoir besoin d'y réfléchir. Avec près de dix-sept kilos en moins, crois-moi, il y a des tas de choses auxquelles je n'ai plus besoin de réfléchir.

Et ça me fait un bien fou !

Juste envie de faire un gros hug à celles et ceux qui ont su attiser ma motivation afin qu'elle ne s'éteigne jamais tout à fait. À leur regard particulier. Qui m'a fait me sentir particulière.
À celles qui ont franchi le pas, qui se sont délestées de tant de choses avant moi. Dans leurs têtes. Sur leur corps. Observer ces changements de vie m'a offert la plus profonde et plus durable des envies.
À celles qui sont là, tous les jours, à me laisser entendre que je peux y arriver, que je vais y arriver. Et que même dans les moments où j'ai l'impression que je n'y arrive pas, ce n'est pas si grave que ça. Que rien dans cette histoire ne doit s'apparenter à une course contre la montre, que les choses se feront comme elles doivent se faire.
À tous ceux qui ont déposé un mot gentil sous les quelques photos de moi que j'ai bien voulu rendre publiques dernièrement. On ne montre que ce que l'on veut bien montrer, je suis on-ne-peut-mieux placée pour le savoir. Mais une bienveillance pareille, c'est un cadeau de la vie.

J'imagine que chacun, chacune s'y reconnaîtra. Je l'espère en tout cas.

La route est encore longue, mais j'ai la certitude aujourd'hui que je vais y arriver.

*

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